Forest

La forêt porte aujourd’hui en elle les valeurs douloureusement antinomiques du sublime et de l’atroce, de l’espérance et de la fatalité, de l’immuable et du fragile enfin. C’est à ces espaces que l’on saignent, que l’on défigurent sans répit et qui pourtant jamais ne jugent ou ne protestent, qu’Arnaud Meyer a voulu rendre hommage. Nulle représentation du saccage à l’œuvre, nulle description du bruit et de la fureur qui chaque seconde font disparaître l’équivalent d’un terrain de football de ces sanctuaires millénaires, la démarche n’est en aucun cas un combat. 

Comme découragée d’avance par la fatalité des agissements, l’absurdité des logiques en mouvement et l’ampleur du mal à combattre, l’œuvre photographique semble préférer au désespoir d’un duel perdu d’avance une forme de retour en arrière, de recalage de la réflexion sur ce qu’elle a de plus fondamental.


Recherche de refuge, d’une bulle d’espace temps suspendu dans le ce qui reste d’intact et de sublime, Arnaud Meyer nous replonge comme pour une dernière fois dans les origines d’un monde de silence et d’attente, d’un univers où l’environnement n’est pas esclave servile ou ennemi à mettre au pas mais simple lieu de vie. La forêt comme espace triplement méditatif, contemplatif et introspectif donc, pour une dernière bouffée d’oxygène avant l’aphasie totale et l’arrivée des craquements sinistres, prolégomènes d’une fatalité annoncée.